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Panama, le pays qui unit deux océans

todayMay 7, 2023 5

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Le Nouvelliste | 05 mai 2023 Après près de deux heures de vol au-dessus des nuages, de végétations denses, de villages perdus dans les montagnes, des gratte-ciel de Panama City pointent leur nez. Le commandant de bord annonce l’atterrissage. L’appareil se pose sans encombre sur le tarmac de l’aéroport international de Tocumen de Panama. On avait embarqué à l’aéroport international Toussaint Louverture à Port-au-Prince à bord d’un jet de 50 places de la Sunrise Airways. Nous sommes une dizaine de personnes à avoir été invitées par Explore Caribbean et Sunrise Airways à découvrir le Panama durant trois jours.

Il fait 36 degrés à Panama City. C’est la fin de la saison sèche. Porte 135 pour l’immigration. Très peu de voyageurs sont remarqués dans le hall de l’aéroport ce mercredi 26 avril. Pascale Hilaire de Explore Caribbean nous présente notre guide Francheska. Pascale Hilaire et Stéphanie Armand sont les chefs du groupe composé de l’animateur et présentateur Carel Pèdre, du Dj Tonymix et de son manager Wesner Jean-Baptiste (Carl-Henry), de Carol De La Cruz et de Pamela Pujols (Sunrise Airways), de la photographe Nadia Todres, de Marie-Lourdes Bien Aimé de l’agence de voyages Chatelain Tour, de Valéry Daudier et de Charly Amazan (Le Nouvelliste et Ticket Magazine).

Le bus nous attend. Que la visite commence !  Une multitude de taxis jaunes circulent dans les rues, comme à New York. On est en direction du Costa Rica, mais on n’y sera pas. La Colombie, nous explique la guide, est dans le sens contraire. Pour s’y rendre, il faudrait franchir les 75 kilomètres de forêt tropicale vierge. On ne peut pas y aller en voiture. Les migrants qui ont affronté la forêt tropicale Darien pour se rendre au Mexique avant d’entrer aux Etats-Unis savent de quoi on parle.

Panama c’est ce pays où l’on côtoie la mer des Caraïbes, l’océan Pacifique et l’océan Atlantique reliés par le canal de Panama. On peut prendre son déjeuner face à la mer des Caraïbes, son lunch les pieds dans l’Atlantique et son dîner en contemplant le Pacifique, souligne Francheska avec l’accent italien de son pays d’origine.

On visite Casco Antiguo, plus connue sous le nom de Casco Viejo, la ville historique du Panama fondée en 1673. Avec l’architecture de ses bâtiments, ses rues pittoresques pavées de briques où circulaient dans le temps des carrosses, Casco Viejo rappelle la ville du Cap-Haïtien. La ressemblance est frappante. Le quartier abrite des musées, des théâtres, des restaurants, des monuments historiques… tout ce qui peut intéresser un.e touriste. L’église San Jose, avec son autel doré, attire du monde à longueur de journée.

La visite continue au canal de Panama, long de 77 kilomètres. Un.e touriste ne peut pas visiter le Panama sans se rendre au Canal, œuvre immense qui relie depuis août 1914 les océans Pacifique et Atlantique. Des touristes venus de partout braquent l’objectif de leur caméra ou de leur téléphone sur les mastodontes flottants qui franchissent le canal dont les travaux de construction ont duré plus de trente ans. Sans ce canal, les navires devaient contourner l’Amérique du Sud, affronter le cap Horn, soit un trajet d’environ 13 000 kilomètres. Aujourd’hui, ce sont une cinquantaine de navires qui empruntent cette route maritime quotidiennement et font tourner l’économie panaméenne. Après avoir visionné un documentaire en 3D sur l’histoire du canal, on a pratiquement tout appris de cette œuvre gigantesque.

Direction l’hôtel. Las Americas Golden Tower, situé dans le centre commercial et financier de Panama City. C’est une luxueuse tour de 285 chambres et suites réparties sur 30 étages qui offrent des vues imprenables sur Panama City. Après une heure de repos, on met le cap sur le rivage. On dîne ce soir à Sabrosa restaurant, avec son cadre idyllique. Les clients sont bercés par une musique typique traditionnelle au rythme de tambour avec des danseurs et danseuses assurant le spectacle. De la soupe pour commencer, puis de la banane plantain, de la viande… un peu de tout. La table est garnie. Feu à volonté ! Oups, nourriture à volonté. La soirée se termine dans une ambiance conviviale.

Jour 2. On quitte la ville. Tenue très décontractée, on part à la découverte d’ une communauté indigène dans le  Parc national Chagres. Le trajet dure environ une heure et demie. On visite les Parara Puru, l’une des ethnies amérindiennes encore présentes au Panama. Deux longues pirogues nous attendaient. On y embarque sans tarder. A cause de la sécheresse, le niveau de l’eau bordée par la forêt tropicale a baissé, ce qui ralentit la navigation par moments. Mais, quel bonheur de découvrir une autre culture, un autre mode de vie !

Nous sommes accueillis par les filles de Parara Puru en premier plan, vêtues de leurs habits traditionnels aux couleurs vives qui couvrent une partie de leur corps. En arrière-plan, les hommes nous accueillent avec une musique traditionnelle. Le chef du village nous conduit sous une énorme hutte au toit de chaume appelée maison communautaire où sont reçus les visiteurs. Des produits artisanaux y sont exposés. « 33 familles vivent dans le village », confie le chef.

Il y a quatre villages similaires qui vivent uniquement du tourisme. Dans les années 80, ces communautés ne parlaient que leur propre langue. Ils vivaient séparément. La décision de classer la région Parc national Chagres les a réunis en quelque sorte. Ils vivent un peu du tourisme. Ils ont appris à lire et à écrire, maîtrisent l’espagnol pour mieux communiquer avec les touristes. Après des danses exécutées par les filles au rythme de leur musique traditionnelle jouée par les hommes, nous sommes invités à notre tour à danser avec le groupe. Des bananes plantains et du poisson nous sont servis dans des feuilles. Et aussi des fruits : ananas, melon, figue-banane… L’excursion restera mémorable.

On retourne à Panama City pour se reposer un peu avant d’aller dîner dans un nouveau restaurant de la ville, découvrir d’autres mets. On a raté le Happy Hour.

Jour 3. Encore plus d’une heure de route en direction de la province de Colòn, la zona libre de Panama, le « paradis du shopping » avec ses plus de 5 000 magasins. Certains endroits du centre commercial ressemblent au centre-ville de Port-au-Prince avant sa descente aux enfers ces dernières années à cause du séisme et de l’insécurité. Des agents de sécurité montent la garde à l’entrée, contrôlent les véhicules. N’importe qui ne peut pas accéder à cette zone franche. Pour échapper aux taxes, il faut être des touristes, des commerçants étrangers. Il y a un peu de tout à acheter. Des produits de luxe à meilleur prix qu’ailleurs mais aussi des produits contrefaits à des prix dérisoires achetés par des commerçants étrangers. Les magasins sont pour la plupart les propriétés de étrangers… « Le Panama est le seul où Juifs et Arabes sont amis », plaisante notre guide.

Retour à Panama City, précisément sur les rives de la baie. Mercado de Mariscos, le marché aux poissons. Les passionnés des fruits de mer, les gourmands, adorent. On y déguste des fruits de mer frais, tout juste pêchés, à des prix attractifs. On peut commander un poisson et le serveur ou la serveuse vous apporte un « requin », une façon d’appeler chez nous un énorme poisson. Une expérience exquise.

La soirée se termine par un tour époustouflant en bateau dans la baie de Panama. Quelqu’un branche son téléphone et joue « My heart will go on » de Céline Dion, cette célèbre chanson reprise dans le film Titanic… Et brusquement les « Rose » (Kate Winslet) et les Jack (Léonardo DiCaprio) ouvrent leurs bras comme pour reprendre cette scène de l’affiche du film sorti en 1997. On chante à tue-tête, on oublie parfois les paroles, on chante quand même… On navigue sous le pont de l’Atlantique, considéré comme le plus grand pont haubané du monde intégralement en béton. On sable du champagne offert par notre capitaine et ses membres d’équipage avant de regagner notre hôtel. La dernière soirée du séjour se termine dans un restaurant niché au 35e étage d’un immeuble surplombant Panama City. Le lendemain, nous revoilà à Port-au-Prince pour affronter la peur, la terreur des gangs, le blackout, la vie chère, l’inflation. Une capitale qui déprime un peu plus chaque jour alors qu’elle était la capitale de la « Perle des Antilles » dans le temps. Il est si loin le temps où les bateaux de croisière accostaient dans la baie de Port-au-Prince et que les touristes découvraient notre pays avec appétit.

Valéry Daudier

Written by: admin

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